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L'histoire d'almanach fut longtemps un genre littéraire mineur à l'usage des masses allemandes. Aux dix-septième et dix-huitième siècles, il devint un moyen traditionnel de satire vigoureuse et de mise en cause du pouvoir. Il atteignit son apogée avec L'Anthologie de l'ami de la maison rhénan, de Johann-Peter Hebel, et tomba en décadence après 1848. Avec les Histoires d'almanach, de Bertolt Brecht, une forme littéraire renaît. Les curieuses aventures de Socrate blessé pendant et après la bataille de Délion ; les sentences "poivrées" de Dollinger, le juge du Cercle de craie augsbourgeois au cours de la guerre de Trente ans ; les "détaillements" sociaux de La Vieille dame indigne au début de notre siècle, jalonnent et éclairent l'histoire des hommes. Un "original", monsieur Keuner, nous fait redécouvrir l'inflexibilité, l'incorruptibilité d'un jugement qui se fonde sur l'expérience naïve et nombreuse de l'homme de la rue. L'art, ici, a pour but de promouvoir un nouveau "sens commun". Il prend le bon sens populaire, l'époussette, l'examine et le remet en service : c'est de cette panoplie rassurante qu'il tire les armes d'une nouvelle critique.