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Rouergue, terre de variété, et pourtant terre d'unité. Habitant du Ségala jadis si décrié, riche aujourd'hui ; Causenard du Larzac ; montagnard sur les hauteurs chauves de l'Aubrac, l'Aveyronnais se sent d'abord Rouergat, jamais annexé par les provinces bordières, même s'il danse volontiers la bourrée comme un bon Auvergnat, ou s'il sait se montrer un tantinet exubérant comme les Languedociens, avec qui il partage d'ailleurs la langue ancestrale et l'"accent". En 1800, cette marche de hautes terres vit encore un profond isolement. Le groupe humain aveyronnais languit dans un retard, matériel et social, hérité de l'Ancien Régime. Mais une civilisation paysanne, fondée sur les multiples nuances des conditions de vie et sur de solides valeurs familiales, lèguera aux générations ultérieures les chances d'un véritable renouveau rural. L'auteur a passionnément scruté les signes du changement dans cet "ordre éternel des champs", immuable en apparence seulement. Voilà pour l'intérieur. Mais, miracle de l'ouverture au progrès, aux transports modernes, miracle aussi d'une émigration qui jeta, vers Paris et les grandes villes, des générations successives de jeunes paysans énergiques, rudes à la tâche, intelligents : les Aveyronnais se taillent une place enviable parmi les nouveaux citadins du siècle passé. Mieux, des colonies de Rouergats portent au loin la réputation de ce pays - dans la Pampa en Californie, en Afrique, en Orient. Brosser ce portrait des Rouergats sans parler des émigrants eût été faire injure à tant de réussites personnelles à leur actif. Voilà ceux du dehors : ils ne renient rien du "pays". Roger Béteille a mis dans ce livre sa connaissance profonde d'une province et d'un groupe humain auxquels il consacre sa thèse de doctorat. "La vie quotidienne des Aveyronnais avant 1914" est ici présentée par un Rouergat de sang et de coeur.
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