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Paris fredonne sa romance des oubliés, les vieux airs d'Edith Piaf et le rap des paumés qui font encore la manche. En romancier, je traverse mon drame et je viens vivre ici le livre qui inaugure ma nouvelle tentative, une relance plus qu'une continuation. Un petit hôtel de la rue Gît-le-Coeur a un jour abrité le fabuleux Kerouac. Je vois ce lieu marqué par une idole. Jack Kerouac partage sa survie avec les poètes des générations qui l'ont suivi, les romanciers, les musiciens. Pourquoi pas moi ? L'étranger qui s'agite au-dessus de sa table dans un studio du boulevard Raspail, c'est bien moi et je suis seul. Le romancier d'aujourd'hui tente d'écrire, de réécrire son premier roman d'exil. [...] On croit voir Rafaela flânant dans les jardins. A la fois vivre et écrire la vie est impossible et c'est pourtant la mission qui se poursuit depuis l'atterrissage de l'Airbus nolisé sur la piste de Roissy. On n'arrête plus de toucher le sol et de rouler ventre à terre dans les allées des parcs et des places de Paris. Paris est une ville, rien de plus. Paris est une belle ville, rien de plus. Paris est l'une des plus belles villes du monde, la plus belle sans doute, mais rien de plus. Rafaela a déserté cette vie et rien ne vit. Ecrire son nom est à peine concevable. Dans le calepin familier, le cahier quotidien qui n'est même pas carnet de voyage. Et me voici installé à Paris pour y vivre.
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Monsieur Gilles habite depuis peu le parc de maisons mobiles à Saint-Basile-le-Grand. Après une année de silence imposé à la suite de la mort de sa femme, il renoue avec son journal intime le premier jour de l'année 1988. Comme la plupart de ses voisins, il ne se doute pas qu'à quelques mètres de chez lui couve une catastrophe écologique. Au fil des mois, des semaines et des jours qui précèdent l'embrasement de l'entrepôt de BPC, le petit monde qui entoure monsieur Gilles devient de plus en plus violent et prend des proportions insoupçonnées, à la mesure des actualités internationales qu'il commente dans son journal. Destin singulier, Robert Baillie se trouvait sur place et, avec sa famille, il a vécu le choc de l'évacuation en cette nuit de cauchemar. Son roman est une fresque de ces événements. S'il en relate la trame, il nous fait surtout découvrir tout un monde fictif qui a pris naissance dans le creuset de cette expérience vécue. Il en révèle aussi les dessous, dont les médias n'ont pas parlé, et les conséquences sur notre conscience collective. Plus qu'un roman écologique, "La nuit de la Saint-Basile" s'impose d'emblée comme une oeuvre de création d'une grande envergure humaine. En témoignent des personnages attachants et inoubliables qui sont à la fois les acteurs et les victimes vulnérables de ce drame.
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A travers l''écriture du récit d'apprentissage, l'écrivain cherche les sources de sa sensibilité. A partir des tableaux marquants de l'enfance, des figures du père et de la mère, de la famille et des êtres aimés, à partir des lieux et des événements qui l'ont formé, l'écrivain poursuit une quête d'identité. A Montréal, dans le quartier Rosemont, rue Beaubien, rue Bordeaux ou ailleurs, à l'école, dans une composition française, dans le chant et la musique ou dans l'accompagnement de "l'incontournable tante aveugle", dans le souvenir de la mère aimée ou du côté de chez Albert, le père restaurateur, Robert Baillie fait l'inventaire de son premier pays : l'enfance. Au-delà de l'expérience de la vie, la littérature convoque ici les regards croisés du présent et du passé, dans une rencontre où l'adulte recompose la vie de l'enfant qu'il a été, afin de mieux saisir son parcours et sa raison d'être dans l'amour et la culture. Avec une écriture sensible, attentive aux nuances, aux lumières des êtres et des choses, avec beaucoup de pudeur et de retenue, l'écrivain nous introduit dans le monde qui l'a façonné et nous ouvre ainsi les portes de son univers romanesque.
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Edmour Huard vit seul dans sa trop vaste maison au bord du fleuve. Septuagénaire alerte, c'est aussi un survivant qui s'accroche à la vie, cette vie que plusieurs autour de lui ont dû quitter. Bon gré, mal gré. Des femmes surtout, celles de la jeunesse et celles de la maturité : sa soeur jumelle, sa mère, sa femme, sa fille. Sa chienne Douce également, qu'il a dû se résoudre à faire supprimer tant elle était sénile. Edmour est arrivé à l'âge de la hantise : les êtres qu'il a aimés ne vont-ils pas ressurgir de leur néant pour le prendre et l'emporter avec eux par un ultime "Soir de danse à Varennes" ? Entre fantasme et lucidité, entre rêve et réalité, ce nouveau roman de Robert Baillie approfondit le thème du retour. Retour des morts, retour sur sa propre existence en sursis. Un fleuve immense charrie les alluvions de la mémoire. Les cahiers gris d'Edmour Huard sont le lieu émouvant d'un abandon total à la passion de vivre.
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